Actuellement la Compagnie du Théâtre de l’Océan – Paris, tourne avec la magnifique pièce d’Anca Visdéi : « Toujours ensemble », dont la mise en scène est signée par Aurélia Aubert.
Une mise en scène vivante
C’est un échange de correspondances entre deux soeurs, l’une qui est restée au pays et l’autre qui s’est expatriée pour gagner sa liberté. Mais à aucun moment nous ne lisons ces lettres. Nous les vivons. Il y a une réelle interaction entre les deux protagonistes. La pièce est très rythmée, très dynamique. C’est un voyage, une aventure, une ouverture sur le monde.
L’originalité de la pièce se situe dans le temps : l’histoire se déroule sur 17 ans. Et c’est assez rare dans le théâtre. Ma mise en scène met en avant un procédé cinématographique où tout va très vite, sans perdre la clarté de l’histoire et l’intensité des émotions. Alexandra, la soeur qui est partie vivre en Suisse, dit qu’elle doit repasser son bac pour avoir une bourse («le bac de chez nous n’étant pas accepté ici»), elle sort de scène et revient deux minutes plus tard avec son bac en poche !
Les décors, les costumes, la lumière et la musique !
Les décors et les costumes ne représentent ni une époque, ni un pays, mais évoquent le temps qui passe et l’évolution des vies de Ioana et d’Alexandra. Ils ont été subtilement et méticuleusement choisis de façon à renvoyer aux spectateurs des informations précises sur la progression de l’intégration de l’une et la dégradation des conditions de vie de l’autre.
Les décors marquent les changements de situations et de lieux. C’est clair et précis, sans rajout inutile, laissant la part belle au texte.
Lors de la 1ère partie, nous sommes dans le studio des deux soeurs. Elles ne sont pas très riches, mais leur univers est joyeux, chaleureux. La dictature monte mais elles veulent rester bien vivantes.
Ensuite lors de la 2ème partie, nous avons un espace scénique divisé en deux, ce qui est en soi une invitation au voyage : côté cour le studio de Ioana et côté jardin la chambre d’hôtel en Suisse d’Alexandra. Le tout séparé par un simple grand bambou posé au sol.
La 3ème partie les réunis. Elles sont de nouveau ensemble, au milieu, comme dans un no man’s land, ni ici, ni ailleurs, mais après la révolution.
Les costumes marquent cette même continuité et sont très évocateurs des moments de vie dans lesquels sont ces deux femmes.
Quant à la musique, elle est très présente dans ma mise en scène. Tout comme une mise en lumière réfléchie et contrastée, permettant de bien sentir l’atmosphère du spectacle.
Ecrire la fin n’est pas un exercice facile pour un auteur. Anca Visdéi l’a magnifique réussie, menant subtilité et finesse, amenant un mélange d’espoir et de réalisme, coupant court à toute naïveté et invitant le plus possible à s’informer sur le monde, sur ce qui s’y passe réellement, de manière juste et intelligente. »
Aurélia Aubert – Metteur en scène